14

 

Tout en maniant les objets de toilette, il se souvint qu’ils avaient été mis à la disposition de l’autre Gosseyn lors de son précédent séjour dans cette maison.

Ce n’était pas le genre d’idée capable de le retenir longtemps. Car, de nouveau, ses pensées se reportèrent sur Enin, quelque part dehors. En toute hâte, il rangea le rasoir électrique.

Il n’avait plus qu’à enfiler ses mocassins. Il se dit qu’il ferait bien de se procurer d’autres vêtements. Et des chaussures plus solides.

Quelques secondes plus tard, il sortit de la salle de bains. Il allait pousser la porte de la chambre qui donnait sur le salon, lorsqu’il entendit Enin dire :

— Oui, monsieur Lyttle, mais qu’est-ce que c’est qu’un postulat ?

Gosseyn retint son geste et resta où il était. Il écouta la voix de Dan Lyttle expliquer ce qu’était un postulat selon la Sémantique générale et se sentit plein d’un étonnement mêlé d’admiration. Bien sûr, pensa-t-il, il fallait essayer. Mais comment cela allait-il opérer sur un cerveau qui n’était pas complètement développé ? et sans que l’on puisse offrir de récompense, puisque Enin possédait déjà tout ?

Il recula pour ne pas se faire voir, entrouvrit la porte sur quelques centimètres et écouta.

— Vous me demandez pourquoi j’agis comme cela ?

La voix enfantine était toujours aussi perplexe.

— Oui, répondit Dan Lyttle. Il y a un petit moment, tu es entré et tu m’as ordonné de préparer ton petit déjeuner. Et je l’ai fait, n’est-ce pas ?

— Et alors ?

— Tu es mon invité et tu me traites comme si j’étais un domestique. C’est pourquoi je te demande : quels sont tes postulats de base ?

L’enfant garda le silence un instant, puis :

— Je suis l’empereur. Tout le monde exécute mes ordres.

— D’où viens-tu ?

— De l’univers des Dzans.

— Alors, poursuivit Dan Lyttle, ton postulat c’est qu’ici, sur Terre, tu dois être traité comme tu l’es chez toi ?

— Je suis l’empereur partout où je vais.

Le ton était insolent. Gosseyn Trois sourit. D’un air sardonique.

— J’en conclus donc que tu possèdes un certain nombre de postulats de base qui t’amènent à croire que tu vaux mieux que les autres.

— Je suis mieux que les autres. Je suis né pour être empereur.

— Alors, ton postulat c’est qu’étant né, par hasard, dans une famille impériale, tu as le droit de traiter les autres êtres humains avec arrogance ?

— Euh… je n’ai pas beaucoup pensé à cela avant que mon père meure. Mais lorsque je suis devenu empereur, j’ai traité les gens exactement comme lui l’avait fait. Et depuis que je suis monté sur le trône, je n’ai pas cessé d’agir ainsi. Qu’y a-t-il de mal à cela ?

— Nous, les adeptes de la Sémantique générale, pensons que ce genre d’idées nous poussent à agir d’une manière irrationnelle. Par exemple, comment ton père est-il mort ?

— Il est tombé d’une fenêtre du palais.

Sur un ton belliqueux, il ajouta :

— Est-ce que vous croyez que c’est à cause de ses postulats que c’est arrivé ?

— Peut-être… Il faudrait connaître les détails de la scène qui l’a amené à se tenir si près d’une fenêtre ouverte. Y avait-il des témoins ?

— C’était pendant une réunion des membres du gouvernement.

— Et il était tellement occupé à réfléchir, ou à parler, qu’il s’est approché de la fenêtre sans la voir et qu’il est tombé ? Est-ce ce que les témoins ont dit ?

— C’est ainsi que ma mère me l’a raconté. (Un silence.) Je ne lui ai jamais demandé qui le lui avait rapporté.

— Nous pouvons donc supposer que tous ceux qui étaient avec lui dans la pièce ont vérifié que cela s’était bien passé ainsi ?

— Hé ! cria-t-il tout excité, c’est cela que vous voulez dire quand vous parlez de postulat ! Vous n’avez pas vu la scène, alors vous devez supposer que les gens qui l’ont vue vous ont bien rapporté les faits ?

— C’est en partie cela. Mais les postulats qui nous intéressent sont profondément enfouis dans notre esprit, si bien que nous ne savons pas qu’ils sont là ni en quoi ils consistent. Mais nous agissons, dans la vie, comme s’ils étaient vrais.

— Eh bien… je suis l’empereur. C’est vrai.

— Comment traites-tu les autres personnes ?

— Je leur dis ce qu’ils doivent faire. Et il vaut mieux pour eux qu’ils le fassent.

— Alors, ton postulat, c’est qu’un empereur peut mener à la baguette les gens sur lesquels il règne… et même se montrer méchant avec eux ?

— Je les mène comme le faisait mon père. Et je suppose que c’était là son – comment appelez-vous ça ? – son postulat.

— Alors, tu ne t’es jamais demandé quels étaient ses postulats ? Tu t’es contenté de le copier ?

— Eh bien… (Silence. Puis, sur un ton différent :) J’ai bien envie de vous faire goûter à mon pouvoir…

En entendant ces derniers mots, Gosseyn se dit que la première leçon de Sémantique générale d’Enin était allée assez loin pour cette fois.

Il ouvrit toute grande la porte de la chambre et entra dans le salon.

Et s’arrêta, stupéfait.

En voyant, du coin de l’œil, sur sa gauche, six hommes assis l’un à côté de l’autre, contre le mur. Quatre d’entre eux étaient en uniforme.

Lorsque Gosseyn se tourna vers eux, il avait déjà remarqué que ceux qui portaient un uniforme tenaient des pistolets. C’étaient des armes énergétiques, non identifiables à cette distance ; et bien que ces pistolets ne soient pas pointés sur lui, ils étaient – selon la vieille expression – « prêts à faire feu ».

Ce n’était pas une situation bien agréable à affronter subitement. Et elle se compliquait encore de cet élément inexplicable : Dan Lyttle avait donné une leçon de Sémantique générale à Enin sous les yeux d’intrus armés.

Plus étrange encore, le petit garçon s’était comporté, tant par ses réponses que par l’intérêt qu’il avait montré, comme si son professeur et lui étaient seuls dans la pièce ; et même lorsqu’il avait proféré sa menace finale, il n’avait pas tenu compte des spectateurs.

Il fallut une seconde ou deux à Gosseyn pour se souvenir que Sa Majesté Impériale avait depuis au moins deux ans l’habitude d’être entouré d’une assistance à laquelle elle ne prêtait pas attention. De plus, Enin était convaincu que son contrôle mental de l’énergie le rendait invulnérable.

Gosseyn respira à fond en se sentant revenir à une certaine normalité, toute relative étant donné les circonstances.

Et il était temps car, à ce moment, Enin courut à lui et le prit par le bras.

— Je suis drôlement content de vous voir arriver, monsieur Gosseyn.

Il semblait avoir oublié la menace implicite qu’il venait de lancer contre son hôte ; et il continuait d’ignorer les intrus. Ses yeux brillants scrutèrent Gosseyn.

— Vous dormez toujours aussi longtemps ?

Gosseyn réussit à sourire.

— Je pense que c’est à cause du froid qu’il faisait là-bas et de mes vêtements trop légers. Je…

Heureusement que Dan Lyttle l’interrompit.

— On dirait qu’on a installé des micros chez moi depuis la dernière fois que vous êtes venu, monsieur Gosseyn. Pendant que vous dormiez tous les deux, je suis allé à l’hôtel et j’ai emprunté un jeu vidéo pour votre jeune ami. Lorsque je suis revenu, ces messieurs étaient installés là où vous les voyez.

Tandis qu’il parlait encore, l’un des hommes en civil se leva. Il était de taille moyenne, plutôt trapu. Un sourire grimaçant fixé sur ses traits épais, il attendit poliment que Dan Lyttle ait terminé sa brève exposition des faits. Puis, il dit d’une voix douce :

— Monsieur Gosseyn, nous allons être obligés de vous ligoter, dès que vous aurez fini de prendre votre petit déjeuner. Le patron va venir vous voir.

Ce n’était pas le moment de faire quelque chose d’inconsidéré. Même Sa Majesté Impériale le comprit car sa voix résonna, plus aiguë mais toujours contrôlée :

— Est-ce qu’il faut que je m’occupe d’eux, monsieur Gosseyn ?

— Non, Enin !

Gosseyn avait réfléchi à l’information transmise par le porte-parole des intrus et il expliqua à l’enfant :

— Je pense que nous allons rencontrer les personnes que je voulais voir pendant que j’étais ici. Donc, tout va bien. (Il ajouta :) Nous déciderons plus tard ce qu’il convient de faire. D’accord ?

— D’accord.

Dan Lyttle n’était pas intervenu dans ce dialogue, mais il dit alors :

— Avant de servir le petit déjeuner, je ferais mieux de m’assurer que votre jeune ami ne s’ennuiera pas pendant que vous mangerez.

Il s’approcha de la porte extérieure et enleva la toile recouvrant un appareil peint de couleurs vives qui n’était pas là la veille.

Gosseyn devina tout de suite qu’il s’agissait du jeu vidéo emprunté à l’hôtel où Lyttle travaillait comme veilleur de nuit.

Les deux hommes et les intrus regardèrent Enin s’avancer vers l’appareil. Le petit garçon scruta les rouages internes ; puis il examina les boutons de l’ordinateur. Et pour finir, il tendit la main avec précaution et appuya sur un commutateur. Un flot de lumière jaillit. La scène représentait une cité sous-marine et sa population menacées par de gigantesques animaux marins.

Il était facile de deviner que le joueur devait décimer les monstres avec un réseau d’armes commandées par ordinateur. L’empereur des Dzans se mit à tirer.

Gosseyn n’eut plus qu’à essayer de s’abstraire des cris de ravissement que poussait Enin et à poser des questions à Dan Lyttle. Tout en mangeant des œufs au bacon et des tartines.

C’étaient des questions concernant la situation politique de ce pays.

Les réponses étaient plutôt décourageantes.

Les partisans de l’ex-président Hardie s’étaient arrangés pour hériter de lui. Et, apparemment, ils avaient toujours ignoré que Hardie n’était pas responsable des excès du régime mais qu’il n’avait été qu’un pion dans une lutte interstellaire à laquelle il n’avait rien compris. Ses successeurs étaient des hommes corrompus, type d’homme politique connu sur Terre depuis des temps immémoriaux. Lyttle ne cita aucun nom ; et il avait raison. Ces individus-là avaient tendance à se venger avec tous les moyens dont ils disposaient.

Gosseyn apprit aussi que l’on n’avait pas entendu parler des habitants de Vénus depuis l’attaque menée contre eux par les forces d’Enro, quelques mois auparavant.

À ce sujet, Gosseyn possédait des informations personnelles… qu’il n’avait pas l’intention de partager avec Dan Lyttle.

En réalité, les millions de Ā de Vénus avaient émigré. On les avait expédiés par petits groupes, sur des planètes habitées de la Ligue Interstellaire. Là, ils s’étaient mis à enseigner la philosophie et les méthodes de la Sémantique générale aux innombrables populations de ces secteurs de la galaxie.

Cela allait prendre pas mal de temps.

Gosseyn doutait que les Vénusiens aient totalement négligé la Terre. Certains d’entre eux étaient sans doute venus s’y installer et cherchaient peut-être à minimiser les conséquences de la mainmise secrète des laquais d’Enro sur le gouvernement. En ce moment, ils devaient s’occuper des Terriens qui avaient choisi le camp des envahisseurs et s’étaient glissés aux postes clefs.

Gosseyn Trois pensait, en silence, qu’il pourrait sûrement les aider à venir à bout de ces politiciens corrompus.

Ayant ainsi déterminé son objectif, il allait poser sa fourchette lorsqu’il s’aperçut que Dan Lyttle se tenait debout derrière lui, légèrement penché pour lui présenter une serviette humide.

— Pour vous nettoyer les lèvres.

Lorsque Gosseyn prit le linge, il vit que l’un des doigts de la main de Lyttle était curieusement tendu. Pointé vers quelque chose posé sur la table.

Tout en s’essuyant, il regarda dans la direction indiquée. Il vit, sur la nappe, une petite plaque blanche, contenant des milliers de circuits intégrés. Comment était-elle arrivée là, comment Lyttle avait-il réussi à la glisser, sans qu’on s’en aperçoive, dans la vaisselle du petit déjeuner ?… Lui-même, profondément plongé dans ses pensées, n’avait rien vu. Quant aux intrus, leur attention s’était relâchée devant le spectacle banal d’un homme en train de manger.

Lyttle se pencha de nouveau et cette fois il chuchota :

— Ça, c’est la Machine des Jeux ! Sa plaque d’identité !

— Eh ! vous ! cria le porte-parole des intrus.

Gosseyn et Lyttle réagirent rapidement. Gosseyn dit :

— J’ai encore de l’œuf, dites-vous ?

Là-dessus, il s’essuya de nouveau la bouche puis posa la serviette sur la plaquette. Se leva. Et se retourna.

— Merci de m’avoir laissé déjeuner. Mais il est temps de me ligoter et d’appeler votre – comment l’appelez-vous ? – votre patron.

Tandis qu’il s’avançait vers les intrus, il entendit Dan Lyttle débarrasser la table du petit déjeuner. Et enlever habilement la petite carte qui lui avait été présentée, d’une manière si peu dramatique, comme la plaque d’identité d’une des machines les plus importantes qui aient jamais existé sur Terre.

Ils lui ligotèrent les chevilles et les genoux avec une corde. Ses mains furent ramenées derrière son dos et glissées dans des menottes. Ils le couchèrent sur le canapé qui était contre le mur opposé aux sièges sur lesquels ils allèrent se rasseoir.

— Ne bougez pas ! ordonna l’homme aux traits lourds. M. Blayney va arriver.

« Blayney ! » s’écria Gosseyn Trois. Mais dans son for intérieur.

Après avoir entendu ce nom, il n’y avait pas de danger qu’il « bouge ».

La fin du Non-A
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